vendredi, mars 29, 2024
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EDITORIAL – Le régime s’accroche au pouvoir par les exécutions et la répression

Le régime iranien a pendu trois prisonniers dimanche, dont deux prisonniers politiques, à Zahedan, dans le nord-est de l’Iran, ce qui porte à 30 le nombre d’exécutions en vingt jours seulement.

Le 31 décembre 2020, le régime a pendu trois prisonniers sunnites, Hamid Rastbala, Kabir Sa’adat Jahani et Mohammad Ali Arayesh, accusés d’être des « hors-la-loi » dans la prison de Vakil-Abab à Machhad, au nord-est de l’Iran. Ils avaient enduré cinq ans et demi d’emprisonnement et de torture. Téhéran a une fois de plus confirmé son mépris des normes internationales en matière de droits humains.

Par ailleurs, jeudi, le brigadier général Qassem Rezaei, commandant adjoint des Forces de sécurité de l’État (FSE), a demandé à ses agents, à la télévision, de « casser les bras » de jeunes que le régime criminel appelle « voyous ». Rezaei a déclaré : « Si vous les attrapez sur les lieux et que je vois qu’ils se tiennent indemnes, vous devrez justifier pourquoi ils sont toujours indemnes ».

Il a également confirmé le mépris du régime pour le droit international et même pour les propres lois de l’Iran, en déclarant que le seul droit des détenus est de « rester en vie ».

Les forces des FSS ainsi que les troupes des Gardiens de la révolution (pasdaran) ont ouvert le feu sur les manifestants lors du soulèvement de novembre 2019, tuant 1500 civils innocents.

Le régime des mollahs est confronté à une société rétive, et les autorités n’ont pas oublié ce qu’elles appellent « l’expérience amère » des grandes manifestations de novembre 2019 en Iran. Le cauchemar d’être renversés hante les dirigeants du régime.

Les facteurs économiques et sociaux, capables de déclencher un nouveau soulèvement – comme ce fut le cas en novembre 2019 – se sont intensifiés.

La mauvaise gestion économique du régime, associée à sa corruption institutionnalisée, a dévasté la vie des Iraniens. La hausse du taux d’inflation et de l’indice de pauvreté sont amplifiés par l’épidémie du Coronavirus qui a créé ce que les médias officiels iraniens décrivent comme un « volcan du peuple affamé ».

« … Il faut craindre le moment où personne ne pourra freiner le volcan du peuple affamé », a écrit l’Arman-e Melli, un média officiel, le 29 novembre 2020.

Le peuple iranien est témoin de la façon dont le régime spolie ses richesses nationales et les gaspille dans des programmes nucléaires et de missiles, et en soutenant des groupes terroristes dans la région. Dimanche 27 décembre, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a reconnu qu’après la guerre de 33 jours de 2006, au cours de laquelle 200 000 maisons ont été détruites au Liban, Qassem Soleimani, le chef éliminé de la force Qods affilié aux pasdaran, a payé le loyer et les dépenses des familles qui ont perdu leurs maisons pendant un an.

Alors que le régime persiste à utiliser la richesse nationale de l’Iran pour poursuivre son aventurisme et perpétrer ses actes terroristes, la population est aux prises avec la pauvreté, l’épidémie du Coronavirus et son taux de mortalité croissant, et maintenant la pollution atmosphérique. Ils sont témoins de la vie luxueuse des responsables du régime et de leurs proches.

Pour maintenir sa fragile emprise sur le pouvoir, le régime a multiplié les mesures de répression.

Malheureusement, face à l’augmentation des violations des droits humains en Iran, la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, continue de jouer à la politique de l’autruche, comme elle l’a fait tout au long des 40 dernières années. Cette inaction a donné aux mollahs de Téhéran un sentiment d’impunité pour poursuivre leurs crimes.

En septembre, sept experts des Droits de l’Homme des Nations Unies ont écrit une lettre au régime iranien pour demander des réponses sur le massacre de 1988. Leur lettre a été rendue publique au début du mois de décembre 2020, après que le régime ait une fois de plus manqué à son devoir de fournir une réponse. Soulignant que le massacre de 1988 « peut constituer un crime contre l’Humanité », les experts des Nations Unies ont mis en évidence « l’impunité systématique dont jouissent ceux qui ont ordonné et perpétré » le massacre, en raison de l’incapacité de la communauté internationale à punir les auteurs de ce crime crapuleux.

Ebrahim Raïssi, l’un des principaux auteurs du massacre de 1988, est l’actuel chef du pouvoir judiciaire des mollahs. Le nombre croissant d’exécutions en Iran n’est pas une surprise quand un « juge tortionnaire » est la plus haute figure de la « justice ». Et le ministre de la justice, Alireza Avaei, est également un autre membre de la commission de la mort en 1988.

Il est surprenant que les dirigeants de l’UE, malgré leurs éloges des valeurs des Droits de l’Homme et le régime de sanctions qu’ils ont récemment adopté à l’échelle mondiale contre les auteurs de violations des droits humains, continuent de complaire avec Téhéran.

Les dirigeants européens n’ont fait que « condamner » les violations des droits humains en Iran, mais n’ont pris aucune mesure.

L’Iran prendrait-il ces condamnations au sérieux, alors que les dirigeants européens s’efforcent de relancer l’accord nucléaire iranien de 2015 (JCPOA) malgré le fait que le régime continue de violer cet accord, et qu’ils négocient avec le ministre des affaires étrangères du régime, Mohammad Javad Zarif, dont le diplomate, Assadollah Assadi, est jugé en Belgique pour avoir tenté de bombarder un rassemblement pacifique en Europe ?

Assadi, qui a tenté de bombarder le rassemblement de l’opposition à Paris en 2018, a refusé de comparaître devant le tribunal, invoquant « l’immunité diplomatique ». Il continuera à le faire tant que son patron bénéficiera de cette immunité, et les dirigeants du régime comme Raïssi continuent de tuer des gens à l’intérieur de l’Iran, jouissant de « l’impunité systématique » dont ils bénéficient.

Le peuple iranien doit payer le prix de l’échec de l’UE à respecter ses valeurs humanitaires. Le complot de l’attentat de 2018 a montré que les citoyens européens doivent également payer un lourd tribut lorsque leurs dirigeants continuent à négocier avec le régime terroriste de Téhéran.

L’UE doit agir maintenant. Elle doit aller au-delà des lettres et des condamnations, et elle ne doit pas permettre au régime de rendre les exécutions en Iran « régulières » pour la communauté mondiale. S’il n’est pas contenu, le régime répandra la terreur et le chaos dans le monde entier.

L’UE devrait sanctionner Raïssi, Zarif et tous les autres responsables du régime, et subordonner toute relation avec le régime à l’arrêt complet des violations des droits humains et du terrorisme par le régime.