vendredi, mars 29, 2024
AccueilActualitésActualités: Droits humainsIran - Ma famille ne sait toujours pas où est enterrée ma...

Iran – Ma famille ne sait toujours pas où est enterrée ma sœur exécutée lors du massacre de 1988 (Chamsi Saadati)

Iran - Ma famille ne sait toujours pas où est enterrée ma sœur exécutée lors du massacre de 1988 (Chamsi Saadati)

La militante Chamsi Saadati participait le 6 septembre à une conférence de presse à Paris, organisée par le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) pour appeler à la mise sur pied d’un tribunal pénal international sur le massacre de 30.000 prisonniers politiques en Iran.

Dans son intervention, Chamsi Saadati, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans la répression sanglante des prisonniers politiques en Iran, a déclaré : « J’ai fait des études en gestion commerciale à la faculté de l’Economie à l’Université de Téhéran. Mon frère, Mohammad-Reza, ingénieur électricien, fut arrêté en 1972 en raison de son opposition à la dictature du Shah et a passé sept ans de sa vie dans les prisons de SAVAK (police politique du Chah). C’est grâce à lui que j’ai connu les moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI).

Il était l’un des activistes du mouvement des moudjahidine du peuple qui avait été condamné à la réclusion à perpétuité mais a été libéré de prison en 1978 pendant la révolution du peuple contre la dictature du Shah. Malheureusement, en moins de trois mois après la révolution, les agents de la police secrète de Khomeiny, par la haine envers l’OMPI, ont kidnappé mon frère dans la rue et l’ont torturé dans des centres de détention clandestins. Un an après, ils l’ont condamné au début à dix ans de prison, mais deux ans plus tard, en 1982, ils l’ont exécuté.

Parallèlement à l’exécution de Mohammad-Reza, deux de mes sœurs et trois de mes frères, en raison de leur liens familiaux et de leur soutien à l’OMPI, étaient arrêtés et emprisonnés.

L’une de mes sœurs, Roghieh, enseignante de 27 ans, fut arrêtée en 1981 alors qu’elle passait devant l’immeuble appartenant aux Gardiens de révolution. La raison de son arrestation était d’être la sœur de Mohammad-Reza. Au début détenue dans la prison d’Adel-Abad à Chiraz, elle a été par la suite envoyée en exil à Khorram-Abad. Au cours du massacre des prisonniers politiques suivant la fatwa de Khomeiny, elle et plusieurs centaines d’autres détenus ont été fusillés dans la prison de Khorram-Abad.

Ma famille ne sait toujours pas où est enterrée ma sœur exécutée lors du massacre de 1988

Le régime n’a jamais informé ma famille de son exécution et nous ignorons où se trouve sa tombe. Nous avons appris deux ans plus tard par les témoins et par le biais d’autres sources, qu’elle avait été exécutée à Khorram-Abad.

Mohtaram Saadati, ma sœur cadette âgée de 22 ans était étudiante. Depuis 1981, elle fut arrêtée maintes fois et torturée violemment. Son mauvais état physique a une fois contraint le régime à la retourner chez nous. Ma mère l’a soigné à la maison grâce aux traitements qu’elle recevait en cachette des médecins partisans de l’OMPI et a réussi de la sauver de la mort. Des années plus tard, quand elle a essayé de sortir du pays, elle a disparu et personne n’a depuis aucune nouvelle d’elle.

Mon frère cadet, Hessam Saadati, 17 ans, était encore lycéen quand il a été arrêté en 1981. Il fut exécuté en 1984 à l’âge de 20 ans. Son « crime » : avoir diffusé les communiqués de l’OMPI !

Ma mère disait aux familles de martyrs présentes au cimetière : « personne ne verra mes larmes comme j’ai promis à Hessam ». Mais à minuit, elle sortait dans la cour et pleurait.

Je représente l’une des milliers de familles en Iran dont la quasi-totalité des membres ont été arrêtés, torturés ou exécutés.

J’espère que bientôt toutes les familles dont les proches ont été exécutés et massacrés par ce régime criminel témoigneront et révéleront les non-dits.

Je demande aux organisations et instances internationales d’examiner d’urgence le dossier de ce massacre et ses commanditaires et exécutants dont certains sont encore dans la plus haute sphère du pouvoir, dans le gouvernement, tel que l’actuel soi-disant ministre de la justice… Ceux qui continuent à persécuter quotidiennement le peuple iranien. Je suis certaine que la justice gagnera et ces criminels seront punis.

 

Lire aussi: 

L’identités de plusieurs dizaines de responsables du massacre de 1988 en Iran (Conférence de presse)