jeudi, mars 28, 2024
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Iran – La fille d’un prisonnier Sunnite exécuté : Je demande à Dieu qu’on se retrouve au paradis

Iran - La fille d’un prisonnier Sunnite exécuté : Je demande à Dieu qu’on se retrouve au paradis

CNRI – Ce qui suit est un écrit venant du cœur de Sara Mansour Bolaghi dédié à son père, Mamousta Khaled Bolaghi, qui a été pendu avec 24 autres prisonniers politiques Sunnites dans la prison de Gohardasht le 2 août 2016 :

Au nom de Dieu,

Je suis Sara, fille du martyr Mamousta Khaled Mansour Bolaghi, un prisonnier politique Sunnite qui a été exécuté pour sa foi.

Je me rappelle des jours où mon père me parlait. Une fois, il m’a dit que quand j’étais née, deux jours après ils l’ont arrêté à l’hôpital et l’ont remis au bureau du renseignement à Sanandaj.

Notre première rencontre avec mon père était au bureau du renseignement à Sanandaj. Je ne connaissais pas mon père. Je pleurais quand il m’a prise et m’a serrée dans ses bras. Quand j’avais deux ans, j’avais vu mon père trois à quatre fois seulement. Après deux ans et demi de détention à la prison du renseignement à Sanandaj, mon père a été transféré à la prison de Rajai Shahr à Karaj (près de Téhéran). Je commençais à peine à parler. Quand mon père me parlait, il avait l’habitude de m’appeler Canarie de Papa.

Chaque fois que j’allais visiter mon père, c’était comme s’ils m’offraient le monde entier. Cependant, c’était juste une demi-heure de rencontre. Dès que je commençais à ressentir sa chaleur et son amour de près, ils disaient que la rencontre est terminée. Toutes les fois, je sentais que mon père me manquait et j’exprimais ma tristesse, il disait ma fleur, la canarie de papa, n’aie crainte, par la grâce de Dieu, je serai avec toi bientôt. Ma précieuse Sara, prie pour moi.

Mon père était censé arranger une rencontre pour me voir parce que je ne l’avais pas vu pendant près de six mois. J’étais si impatiente de le voir à nouveau, ainsi il pouvait me prendre et me serrer dans ses bras. Mais un jour, ils nous ont appelés (de la prison) et ont dit de venir à une rencontre (avec mon père). J’ai joyeusement porté mes jolis habits que j’ai achetés pour porter chaque fois que j’allais voir mon père et j’ai crié Hourrah! Je vais (voir) mon père.

Ma mère et moi ainsi que toute la famille de mon père sommes allés à Téhéran. Sur la route, ma mère, ma grand-mère et les autres pleuraient. Je disais ne pleurez pas ainsi, mon père n’est pas blesse, parce que je ne savais pas pourquoi ils pleuraient.

Tout à coup, le téléphone portable de mon oncle a sonné, et de ce qu’il disait au téléphone, j’avais compris que mon père avait été exécuté. Et j’ai commencé à pleurer de là au cimetière Behesht-Zahra à Kahrizak.

Quand nous sommes arrivés là, quelques agents du renseignement nous ont dit : « Venez avec nous, nous allons vous montrer Khaled. » Et ils nous ont montré son corps. Mon père était couché calmement et je l’ai embrassé, ai touché son visage, et l’ai caressé. Je voulais que mon père m’appelle à nouveau avec sa voix chaude et douce et me dise : « Canarie de papa, es-tu venue voir papa. » Mais il n’y avait aucune voix. Quand je l’ai embrassé, c’était glacial. Et c’était ma dernière rencontre avec lui. Ils ne m’avaient même pas laissée parler avec mon père pour la dernière fois parce qu’il était en isolement cellulaire pour un mois avant qu’il ne fût exécuté. Je n’oublierai jamais le visage aimable de mon père et ses mots, et je demande à Dieu que nous le retrouvions au paradis.