vendredi, mars 29, 2024
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Iran – Le prisonnier politique Ali Moezi est exposé à des menaces imminentes

Iran - Le prisonnier politique Ali Moezi est exposé à des menaces imminentes

Dans un article publié par «The Word Post », Hejrat Moezi, dissident iranien âgé de 27 ans, a évoqué la situation de son père emprisonné en Iran. Hejrat a quitté l’Iran en 2008. Il réside actuellement dans le camp Liberty, en Irak, qui abrite plusieurs milliers de membres du principal mouvement d’opposition iranien, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI).

Sa mère et sa sœur sont également dans le camp Liberty. Son père, Ali Moezi – sympathisant de l’OMPI est ingénieur en agronomie – et un prisonnier politique détenu à la prison centrale de Karaj (ville située à l’ouest de Téhéran).

Traduction de l’article de Hejrat Moezi, publié par « The Word Post »

Mon père, prisonnier politique en Iran, est exposé à des menaces imminentes

Décrire la vie d’une personne n’est jamais facile, surtout quand cette personne est quelqu’un que vous chérissez. Mon père, Ali Moezi, est un prisonnier politique en Iran et j’ai peur de le perdre à chaque instant.

Avant ma naissance, mon père a connu les prisons des mollahs. En 1980, lorsque la dictature des mollahs s’est installée, mon père a été parmi ceux qui se sont levés pour s’opposer à cette dictature. Il a été arrêté, torturé et emprisonné pendant plusieurs années.

Mon père a fait ses études dans la faculté d’agronomie de l’université de Karaj. Il aurait pu travailler pour la construction de son pays. Au lieu de cela, il a passé une grande partie de sa vie derrière les barreaux. Sous le régime des mollahs, les gens instruits sont emprisonnés, alors que des voleurs et des criminels sont au gouvernement.

Je me souviens que quand j’étais petit, j’ai demandé à mon père: « Qu’est-il arrivé à ton genou? » Il m’a répondu : « Il a été touché par une balle ». Plus tard, lorsque j’étais plus grand, l’ai appris qu’il a participé à la grande manifestation pacifique de l’opposition en juin 1981 à Téhéran. A la suite de cette manifestation, après une course poursuite, il a été arrêté et sévèrement torturé. À l’époque, mon père avait 26 ans, presque le même âge que j’ai aujourd’hui. Les marques de tortures sont encore visibles sur ses pieds et sur son dos.

Tout au long de mon enfance, l’éventualité d’une nouvelle arrestation de mes parents était devenue mon plus grand cauchemar. Mais un jour, j’ai décidé de me lever contre ce régime. J’ai quitté mon pays pour aller à la cité d’Achraf en Irak où vivaient plusieurs milliers de réfugiés et de dissidents iraniens. La cité d’Achraf était notre seul espoir pour libérer l’Iran. Je me souviens que pendant le dernier jour de mon séjour en Iran, je regardais dans les yeux de mon père, en me demandant si j’allais le revoir un jour.

A peine un an après l’arrivée de ma sœur et moi à Achraf, en novembre 2008, nous avons appris que mon père a été de nouveau arrêté. Pour quel crime? Sous le régime des mollahs, il n’y a pas besoin d’avoir commis un crime pour être arrêté. Cette fois-ci, le « crime » de mon père était que ma sœur et moi étions partis rejoindre les opposants iraniens au camp d’Achraf. Le régime des mollahs voulait forcer mon père à venir devant la porte d’entrée d’Achraf pour participer à la propagande du régime et réclamer le retour de moi et de ma sœur en Iran. Il a été torturé et placé en isolement. Mais mon père a refusé de céder, même lorsqu’il a appris qu’il avait un cancer.

Après avoir été emprisonné pendant deux ans, il a été libéré en novembre 2010. Il n’a goûté la liberté que pendant sept mois. En juin 2011, les agents du ministère des Renseignements ont encore une fois arrêté mon père et l’ont emmené dans un lieu inconnu. Peu avant son arrestation, il avait subi une intervention chirurgicale à l’hôpital pour soigner son cancer. Pendant trois longs mois, nous n’avions aucune nouvelle sur son sort. Ma grand-mère âgée allait chaque jour devant les portes de diverses prisons dans l’espoir d’obtenir une information sur le sort de mon père.

Après trois mois, j’ai appris que mon père a été arrêté par le ministère des Renseignements, parce qu’il avait assisté aux funérailles de Mohsen Dokmechi, un prisonnier politique décédé. Ne soyez pas surpris. En Iran, même assister à des funérailles d’un ancien prisonnier politique est considéré comme un crime.

Le « crime » de mon père était qu’il ne restait pas silencieux et qu’il ne se soumettait pas au régime des mollahs. Le régime l’a accusé de « participation à des actes contre la sécurité de l’Etat », une accusation dictée par le ministère des Renseignements des mollahs.

Au cours des sept dernières années, mon père a été jugé à quatre reprises. Chaque fois, il a refusé de se rendre au tribunal et a contesté la légitimité des tribunaux des mollahs. Chaque fois, les agents du régime l’ont emmené de force au tribunal. En mai 2015, les sbires du régime ont tapé la tête de mon père contre les barreaux tellement fort que son front s’est ouvert.

En septembre 2015, un tribunal des mollahs a condamné mon père à une peine supplémentaire, parce qu’il avait envoyé un message pour commémorer 52 dissidents iraniens tombés martyres en septembre 2013 à la cité d’Achraf.

Lors de chaque procès, les tribunaux des mollahs ont arbitrairement prolongé la détention de mon père, uniquement à cause de son courage et sa résistance contre le régime. Mon père souffre de diverses maladies, notamment de cancer, et il risque de mourir à tout instant. Le régime des mollahs lui refuse l’accès aux soins médicaux. Les agents du ministère des renseignements ont menacé qu’ils vont garder mon père en prison, sans lui donner les traitements médicaux dont il a besoin, jusqu’à ce qu’il meure.

Mon père et tant d’autres prisonniers politiques continuent de souffrir dans les prisons du régime des mollahs. J’essaye d’être leurs voix. Mon père est exposé à des risques imminents. A tout instant, les agents du régime peuvent décider de l’exécuter. Je vous demande de rester fidèles à la cause défendue par les prisonniers politiques en Iran et leur montrer que les valeurs humaines sont toujours bien vivantes.