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L’alliance du régime théocratique et des monarchistes contre le mouvement pro-démocratique en Iran

Sommet mondial pour un Iran libre – 19 juillet 2020

Alors que le régime théocratique en Iran est confronté à une crise existentielle et lutte pour sa survie, il cherche à échapper à son funeste destin en salissant l’image de son alternative démocratique, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), et le principal mouvement d’opposition iranien, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).

Le soulèvement du peuple iranien au début de janvier 2018 et en novembre 2019 a annoncé une nouvelle ère en Iran, tant pour le régime au pouvoir que pour la Résistance. Les Unités de Résistance de l’OMPI ont joué un rôle important dans l’organisation, la promotion et la direction des revendications du soulèvement pour un changement de régime en Iran et le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, a publiquement blâmé l’OMPI pour son rôle clé dans ce combat.

Une économie en berne, un taux de chômage élevé, la pauvreté, l’isolement régional et international du régime et la situation explosive de la société, combinés à la tendance croissante de la jeunesse à soutenir l’OMPI, ont forcé le régime à exploiter toutes ses ressources pour discréditer son opposition démocratique.

En alliance avec le régime théocratique, les monarchistes et les partisans du Chah déchu à l’étranger ne sont pas non plus en reste dans leurs efforts pour discréditer l’opposition démocratique par la diabolisation.

Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice et candidate à la présidence colombienne, a développé cette question dans son discours du 19 juillet 2020, au Sommet mondial pour un Iran Libre qui s’est tenu du 17 au 21 avril.

Voici le texte intégral de son discours :

Lors des manifestations contre le régime en janvier de cette année, les gens ont scandé : « A bas les dictateurs, que ce soit le Chah ou le Guide Suprême. » Il peut sembler étrange pour nous à l’étranger de voir aujourd’hui les Iraniens ramener des cendres de l’histoire le nom du Chah, en même temps que le nom du dictateur iranien actuel. Étonnamment, plus qu’un parallèle historique, ils font allusion à une alliance en cours. Dans l’histoire de l’Iran, lors du coup d’État de 1953 contre le Premier ministre Mossadegh, un réformateur libéral qui ouvrait une voie démocratique aux Iraniens, le principal ayatollah de l’époque, Kachani, a agi en alliance avec le Chah pour faire tomber Mossadegh, l’accusant d’être communiste. Cela a mis une fin précoce à ce printemps iranien. Aujourd’hui, les mollahs sont au pouvoir, mais les monarchistes, malgré toute leur inimitié apparente envers ce régime, le préfèrent pourtant à l’option libre et démocratique que réclament les Iraniens dans la rue.

Il est intéressant de noter que récemment, Ardeshir Zahedi, un ancien ministre iranien et un ambassadeur aux Etats-Unis de l’époque du Chah, a attaqué Washington pour l’opération militaire contre Qasem Soleimani. Il a déclaré dans une interview que les États-Unis étaient les vrais terroristes et a ajouté : « J’ai toujours été et je serai toujours fier de Qasem Soleimani. C’est lui qui a sacrifié sa vie pour son pays, contrairement à ceux qui se vendent pour de l’argent. »

Nous savons tous que Qasem Soleimani était considéré par Khamenei lui-même comme son préféré, son successeur, celui qui allait prendre le commandement en Iran après lui. Et nous savons aussi que Qasem Soleimani a été accusé d’avoir exécuté des milliers d’Iraniens, travaillant pour un régime qui s’est avéré être corrompu jusqu’aux os, avec des dirigeants riches qui spolient les ressources du pays alors que leurs concitoyens sont confrontés à la faim et au dénuement. Alors, de quoi Ardeshir Zahedi parlait-il en tant que disciple du Chah ? Qui essayait-il de tromper ? En fait, ce que les gens dans la rue en Iran nous disent, c’est qu’ils n’ont pas du tout été dupés.

L’alliance objective entre théocrates et monarchistes est également visible sur une autre question particulière, dans la manière dont ils attaquent tous deux les forces démocratiques iraniennes. Celles qui consolident le mouvement pour le changement de régime à l’intérieur de l’Iran et qui recueillent le soutien international, sont pour eux deux le véritable ennemi, à savoir le CNRI et l’OMPI. Ils ont été leurs cibles communes parce qu’ils peuvent voir comment le peuple iranien reconnait leur direction comme une force organisée unificatrice pour vaincre le régime et ouvrir enfin la voie à la démocratie. Pendant des années, le régime des mollahs a fait campagne pour présenter l’OMPI comme une organisation terroriste et il a échoué. Ils ont tous échoué. A chaque fois que leurs accusations ont été portées devant une cour de justice, un juge indépendant a mis un point d’honneur, que ce soit aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Europe, à blanchir le nom de la Résistance iranienne et de ses dirigeants.

Aujourd’hui, ils veulent diviser les manifestants à l’intérieur de l’Iran avec l’étrange allégation que les membres de l’OMPI à Achraf 3 sont prisonniers de leurs dirigeants et incapables de prendre leurs propres décisions. C’est précisément ce dont le régime tyrannique des mollahs est coupable. Le régime tient la population iranienne pour ses prisonniers, en essayant de leur laver le cerveau avec des mensonges et des menaces et même en utilisant le nom de Dieu pour faire le mal. C’est la raison pour laquelle des millions d’Iraniens protestent en ce moment même en Iran et à l’étranger. C’est une stratégie bien connue que d’accuser vos accusateurs de ce dont vous êtes coupable, de renverser les rôles, de faire porter le blâme à l’autre. Mais après l’impressionnant ‘’Sommet pour la liberté en Iran’’ qui s’est tenu il y a deux jours et qui a rassemblé via Internet des milliers de personnes du monde entier pour soutenir les manifestants et la Résistance iranienne, il est insensé de penser que quiconque puisse tom
ber dans leurs mensonges et leur propagande. Les Iraniens sont bien plus avisés.

Les membres de l’OMPI sont des femmes et des hommes qui ont subi des tortures dans les prisons du Chah et des mollahs. Ils ont vu leurs familles et leurs amis être exécutés. Ils savent qui leur a volé leur liberté et qui est le menteur. Ils sont restés ensemble, vivant ensemble en Irak, à Paris, à Tirana, combattant ensemble parce qu’ils savent qu’ils sont le fer de lance des combattants raniens pour la liberté. Leur choix est de rester ensemble, sachant bien sûr qu’ils peuvent partir à tout moment s’ils le souhaitent et qu’ils peuvent avoir leur propre vie privée quand ils le décident. Mais sachant aussi qu’ils seront accueillis partout où ils souhaitent aller dans le monde parce qu’ils sont reconnus et admirés pour leur combat, pour leurs compétences, pour leur éducation supérieure et pour les valeurs qu’ils respectent dans tout ce qu’ils entreprennent.

Vous voyez, être un Achrafien n’est pas un second choix dans la vie. Ce n’est pas une solution contre la solitude ou le chômage. Ce n’est pas une stratégie d’évasion ou un mode de transition. Ce n’est pas être la marionnette de qui que ce soit. Leur leader, Maryam Radjavi, a souffert et s’est sacrifiée autant, voire plus, que n’importe lequel de ses membres. Une femme qui ne peut pas être achetée, intimidée ou réduite au silence parce qu’elle est la voix de millions de personnes. Elle est l’espoir de millions d’iraniens. Elle n’est pas le bourreau mais la victime. Elle n’est pas le gardien de prison mais la clé de la liberté. Elle n’est pas un despote comme ses ennemis mais une combattante de la justice. Sa force réside dans son manque d’ambition personnelle. Elle vit pour le peuple. Elle ne s’impose pas. Elle ne manipule pas. Elle est portée par le peuple, par tous ces millions d’Iraniens, victimes du régime théocratique. Etre comme elle, une Achrafienne, c’est l’étoffe des héros. C’est le destin choisi par
les femmes et les hommes qui n’abandonnent pas. C’est l’option du transformateur qui permet de devenir le vainqueur. L’Iran le sait. Ils savent où se trouve la vérité et qui porte sa bannière.

Et même si je n’ai pas été appelé dans ma vie personnelle à faire autant de sacrifices que les Achrafiens pour l’Iran, je me déclare fier d’être une Achrafienne parce que j’ai choisi comme vous de lutter contre l’oppression, le mensonge et la mort et de respecter par tous les moyens la liberté, la vérité et la vie. Les Iraniens ont compris que la meilleure façon de mettre fin à 40 ans de crimes, est de renverser cette tyrannie, de gagner ce combat pour la liberté. »