vendredi, mars 29, 2024
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Iran: Paris prend ses distances avec le directeur de l’AIEA ElBaradei

Agence France Presse – La France a pris mercredi ses distances avec le directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, en s’associant aux protestations américaines contre des propos sur le nucléaire iranien jugés trop conciliants envers Téhéran.

"Notre représentant permanent à Vienne s’associera à la démarche américaine", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.

"Nous partageons, avec d’ailleurs plusieurs autres partenaires, la substance des préoccupations exprimées par nos partenaires américains", a-t-il dit.

L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’AIEA, Gregory Schulte, a rencontré mercredi à Vienne M. ElBaradei à quelques heures de la publication d’un rapport du directeur de l’agence sur les activités nucléaires iraniennes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné à l’Iran, dans sa résolution 1747, jusqu’au 23 mai pour suspendre notamment son enrichissement d’uranium.

Dans plusieurs interviews, M. ElBaradei avait laissé entendre que l’Iran devait être autorisé à maintenir une partie de ses activités d’enrichissement d’uranium.

"La France continue de soutenir le processus engagé au Conseil de sécurité, y compris l’exigence de suspension et, en l’absence de suspension, les sanctions", a précisé M. Mattéi lors d’un point de presse.

"Nous avons effectivement été surpris par plusieurs des propos de M. El Baradei ce week-end", a poursuivi le porte-parole, en soulignant que le directeur général de l’AIEA s’était référé dans l’une de ses déclarations "à des évaluations des services de renseignement français sur le délai d’accès à une arme nucléaire par l’Iran".

"Nous n’avons pas l’habitude d’exposer publiquement, a fortiori via une organisation internationale, des évaluations nationales de renseignement", a précisé le porte-parole, ajoutant: "Ces propos ne reposent sur aucun fondement connu".

Pour la France, "la perspective d’un Iran doté d’une capacité nucléaire militaire n’est pas acceptable", a-t-il réaffirmé. Dans une interview au New York Times, le 15 mai, M. ElBaradei a dit que "l’essentiel devrait être d’empêcher que l’activité d’enrichissement d’uranium de l’Iran n’atteigne le stade de la production industrielle" plutôt que d’attendre que Téhéran cesse toute activité d’enrichissement.

Le directeur de l’AIEA avait aussi estimé que "l’exigence" d’une suspension des activités d’enrichissement "a été dépassée par les événements" dans un entretien au quotidien espagnol ABC.

Il avait également dit que "la CIA, le MI-6 britannique, les renseignements français, sont d’accord pour dire que l’Iran mettrait de quatre à huit ans à fabriquer l’arme atomique si l’on considère -et cette nuance est de taille- que telle est son intention". En dépit de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Iran a jusqu’à présent refusé de suspendre l’enrichissement de l’uranium.