mardi, mars 19, 2024
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Moudjahidine du Peuple : quelle menace pour le régime en Iran ?

Un cercle fermé de chercheurs, conférenciers et les lobbies du régime iranien martèlent dans les médias depuis quelques années l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) n’a pas d’impact en Iran et ne représente que l’opposition en exile. Le présent papier a pour but d’examiner si ce genre d’allégations est partagé avec autant de certitude par l’élite dirigeante iranienne ?

L’onde de choc des révoltes populaires

Les révoltes populaires de décembre 2017 et novembre 2019 et le soulèvement de septembre 2022 ont provoqué une onde de choc dans les hautes sphères du pouvoir iranien.

Comment un mouvement dont les membres ont été massacrés et diabolisés depuis quarante ans et que l’on a annoncé à maintes reprises la disparition, continuent d’influer la rue iranienne ?

Bien que la gronde de septembre 2022 et les précedentes aient été réprimé dans le sang, avec des milliers de manifestants tués dans plus d’une centaine de villes, les dirigeants du régime iranien craignent que le feu qui couve sous la colère généralisée s’embrase à nouveau. Plus massif, plus radical et mieux organisé à chaque nouvelle gronde, le prochain sursaut pourrait être fatale pour le régime après plus de quatre décennies de dictature islamiste.

Il est vrai, les dictateurs peuvent tenir longtemps par le recours à la force brute. Or, la présence effective d’une force de résistance organisée et mobilisée, donne de sérieuses raisons au guide suprême Ali Khamenei de s’inquiéter pour l’avenir de son régime.

Si le mouvement de résistance des Moudjahidine du Peuple inquiète le pouvoir en place, c’est que les mollahs craignent leur influence sur la société iranienne, notamment auprès de la jeunesse désenchantée.

Bien que les structures de l’OMPI soient installées en Albanie depuis que le mouvement a quitté l’Irak où ses militants étaient persécutés par les milices fantoches des pasdaran iraniens, l’OMPI n’est pas qu’une opposition en exil comme certains se plaisent à l’affirmer.

Le mouvement, fondé en 1965 par de jeunes intellectuels musulmans progressistes et partisans de Mossadegh (feu premier ministre démocrate renversé par un coup d’Etat de la CIA en 1953), n’a jamais cessé d’exister et d’attiser l’espoir auprès de ses nombreux sympathisants en Iran. Ses racines historiques, les sacrifices consenties dans le combat contre deux dictatures féroces et la persévérance courageuse de ses membres, lui ont assuré un capital de sympathie considérable auprès des Iraniens.

Iran-Ompi
Les unités de résistance de l’OMPI en Iran

Les unités de résistance de l’OMPI gagnent du terrain

Malgré les nombreuses arrestations, les unités de résistance de l’OMPI gagnent du terrain dans la plupart des provinces iraniennes. Ce sont des Iraniens de tout âge qui se sont structurés en petits groupes de militants qui mènent des activités clandestines, allant du taggage des murs par des slogans contre le pouvoir et favorables à la Résistance, jusqu’à la destruction des symboles du régime, des affiches de propagandes, des centres des milices du bassidj et des Gardiens de la révolution, ou des séminaires religieux obscurantistes qui sont des centres de recrutement et de formation de terroristes et d’extrémistes.

Tenir tête à la machine de répression n’est pas mince affaire dans un Etat tortionnaire. L’objectif des unités de résistance est de briser le climat de terreur en défaisant la toute-puissance des mollahs et montrer qu’on peut tenir tête à la tyrannie. En même temps, confronter le régime par des actes de résistance permet aux militants de s’organiser et de se préparer dans la perspective du soulèvement final pour renverser la dictature.

Inquiété, le pouvoir a lancé une vaste campagne d’arrestations, notamment parmi les sympathisants et les familles de l’OMPI, accusés de collaboration avec les « unités de résistance » et les « conseils populaires » qui essaiment dans les quartiers à l’initiative du réseau social de l’OMPI. L’opinion s’est émue de la disparition de deux étudiants d’élite de l’université Charif, avec des manifestations dans plusieurs université par les étudiants qui ont exigé des nouvelles de leurs camarades. Le pouvoir judiciaire a dû reconnaitre l’arrestation d’Amir Hossein Moradi et d’Ali Younessi, lauréats de la médaille d’or des Olympiades mondiales d’astronomie et d’astrophysique tenues en Chine en 2017 et 2018. Amnesty International a alerté le 18 mai 2020 sur le risque pour ces étudiants de subir des sévices dans les geôles iraniennes, célèbres pour leurs brutalités.

Gholam-Hossein Esmaïli, porte-parole du pouvoir judiciaire, a déclaré que ces étudiants avaient des liens avec l’OMPI et « cherchaient à mener des actes de sabotage (…) En plein coronavirus, il s’agit d’un complot de l’ennemi. Ils voulaient semer le chaos dans le pays mais le complot a été neutralisé grâce à la vigilance des agents du renseignement ».

Un communiqué du Conseil national de la résistance iranienne a par ailleurs annoncé l’arrestation récente de dix-huit autres personnes, dont six jeunes femmes, parmi les très nombreuses personnes arrêtées en 2020 et accusés de collaboration avec l’OMPI. Le communiqué a révélé leurs identités et a alerté que depuis le soulèvement de décembre 2017-janvier 2018, un nombre important de prisonniers sont morts sous la torture. Le régime est silencieux et pratique la dissimulation à leur sujet, et lorsqu’il est contraint de parler, il dit qu’ils se sont suicidés.

Les arrestations ont eu lieu ces dernières semaines, à Téhéran, Machhad, Nichapour, Kermanchah, Sabzevar, Arak, Kachan, Mahshahr, Bouchehr, Marvdasht, Amol, Ahwaz, Andimeshk, Racht, Behbahan, Ispahan, Gorgan, Karaj, Tabriz et Chiraz. Selon certains témoignages des rescapés de ces rafles, les bourreaux cherchent des renseignements sur les activités de l’OMPI et des unités de résistance et sur les relations des détenus avec l’OMPI et surtout découvrir pourquoi les jeunes sont tant attirés par l’OMPI.

Le 19 avril 2019, le ministre iranien du Renseignement, Mahmoud Alavi, a annoncé l’arrestation de « 116 équipes affiliées à l’OMPI » : « Au cours de l’année écoulé, nous avons confronté 116 unités [de résistance] affiliées à l’organisation des moudjahidine ». Le ministre de la gestapo iranienne a parlé des activités de son ministère comme d’« une épopée » réalisée « conformément aux directives du Guide Ali Khamenei ». Le 24 avril 2019, le directeur général du ministère dans la province de l’Azerbaïdjan oriental a déclaré que l’OMPI avait considérablement étendu sa portée :

« En 2018, les activités de l’OMPI dans la province se sont développées, et pour l’année 2019 elles ont pour mission notamment la collecte de renseignements. L’année dernière, les monafeghine (Moudjahidine du Peuple) ont élargi leurs activités en exploitant les conditions économiques et sociales du pays, et 60 éléments en contact avec les têtes de pont de l’OMPI ont été arrêtés et 50 autres ont été verbalisés. »

Khamenei averti contre l’influence de l’OMPI

Le Guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, est intervenue personnellement pour avertir contre tout négligence concernant les activités de l’OMPI et la progression de ses unités de résistance parmi les jeunes iraniens.

Dans un discours le 8 janvier, il a mis en garde sur le rôle des Moudjahidine du peuple et les unités de résistance dans le soulèvement de novembre, déclenché contre l’augmentation du prix de l’essence. Evoquant la présence des membres de l’OMPI en Albanie et la visite dans leur cité d’Achraf-3 du général James L. Jones, premier conseiller du président Barack Obama à la sécurité nationale et ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, il a déclaré : « Plusieurs jours avant le soulèvement, dans un petit pays sinistre d’Europe, un Américain et des Iraniens ont élaboré des plans que nous avons vus dans l’incident de l’essence. Dès que les gens (protestataires) sont arrivés sur les lieux, les agents de l’ennemi ont commencé à démolir, brûler, assassiner, détruire et fomenter la guerre. Il renouvelait ce qu’ils avaient effectué auparavant. Et ils continuent à le faire et feront tout ce qu’ils peuvent. »

Le 17 mai 2020, dans une rencontre avec des « étudiants » de la milice du Bassidj, Khamenei a déclaré : « Les lieux de rassemblement des jeunes, y compris les universités, ont été la cible de deux maux majeurs : la passivité et la déviation. Dans les premiers jours de la révolution, nous avions quelques jeunes qui croyaient en l’islam. Ils ont été attirés par l’OMPI et ils ont rejoint leur voie (…) Elargissez le front de la révolution ! Recrutez ! Bien sûr, je ne parle pas de l’OMPI et des non-croyants. Je ne recommande pas de vous concilier ceux qui n’acceptent pas les fondements de la révolution, qui jettent le doute sur ses fondements, qui font la promotion de l’ennemi et orientent vers la mauvaise voie. Pas du tout. Vous devez les traiter sans équivoque et fermement (…) Les ennemis travaillent aussi sur notre jeunesse et essaient d’en abuser et ils planifient dans ce sens. »

Le site d’information Erja, affilié à la faction dominante du pouvoir, a élaboré le lendemain au sujet de l’intervention de Khamenei : « Depuis deux ans, nous voyons l’OMPI réactiver ses cellules dormantes les unes après les autres, en les appelant des unités de résistance. Elle leur confie des opérations de sabotage par le biais d’un commandement centralisé. Après la répression de la sédition de novembre, le dirigeant des Moudjahidine (Massoud Radjavi) a publié un message selon lequel “la stratégie triomphante de l’Armée de la liberté a fait ses preuves avec les unités de résistance, les districts rebelles et les villes insurgées” (…) Ce n’est pas sans raison que Son Eminence (Khamenei) a averti à plusieurs reprises du danger d’un ennemi insidieux ces deux dernières années, et a appelé les miliciens du Bassidj à se tenir prêts dans chaque ville et chaque district. Il a ordonné de se préparer à affronter l’ennemi qui cherche à renverser notre système. »

Les réactions souvent embarrassées, voire hystériques, du régime clérical face aux activités de l’OMPI constituent le meilleur indicateur tangible pour mesurer l’étendue de leur soutien. Lors du soulèvement populaire de décembre 2017-janvier 2018, et celui de novembre 2019, les plus hautes autorités, du guide suprême Khamenei à Rohani, en passant par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale et les chefs des pasdarans, toutes ont reconnu publiquement le rôle prépondérant de l’OMPI dans l’organisation et la conduite des manifestations. Ce faisant, elles sont allées à l’encontre de leur politique officielle de silence sur ce mouvement ou de minimiser son rôle. Dans une rare démarche, oubliant les considérations diplomatiques habituelles, Hassan Rohani, le président des mollahs, a protesté contre les activités de l’OMPI lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français le 2 janvier 2018, lui demandant de restreindre ses activités en France.

Les révoltes populaires se multiplient en Iran
Les révoltes populaires se multiplient en Iran

Le reportage des gardiens de la révolution

Mettant de côté le silence au sujet de l’OMPI qui a longtemps été leur politique, les gardiens de la révolution ont également cru nécessaire de mettre en garde contre les activités des unités de résistance et « le projet de sédition dans le pays ». L’agence de presse Fars, affilées aux pasdaran, a diffusé le 5 aout 2018 un reportage « explicative » sur ce sujet, repris sur les chaines du régime.

Extraits :
« Le groupuscule des Monafeghines qui a été expulsé d’Achraf il y a quelques années et a changé de stratégie, cherche à présent à ressusciter les méthodes des années 80. Avec le soutien de Maryam Radjavi et en réactivant les cellules dormantes, les unités de résistance ont commencé leurs activités de sabotages dans le pays (…) Comme meilleurs moyens de communication ils ont choisi le cyberespace. En utilisant ce support de communication ils ont réussi à démarrer le projet de sédition dans le pays. Dans la sédition de décembre 2017, le groupuscule a identifié les occasions et les potentialités de la société et a ordonné formellement le déclenchement des opérations avec le concours des unités de résistance. »

Le mollah Ahmad Khatami, vice-président de l’Assemblée des experts et Imam de la prière du vendredi à Téhéran, a pour sa part mis en garde le 26 janvier 2018 contre ces unités de résistance et a appelé à la délation : « Ne pensez pas que les efforts pour le renversement (du système) est terminé. Non, les ennemis n’arrêteront pas de penser au renversement. Nous devons être vigilants (…) L’ennemi abuse de nouveaux outils de l’information : la messagerie Telegram, l’Instagram et d’autres outils dans ce domaine (…) Vous avez déjoué la sédition de l’OMPI en 1996, en 2009 et en janvier 2018. Le peuple déjouera les prochaines séditions et il peut le fair (…) Partout où vous voyez la conspiration et des comploteurs, avertissez rapidement les autorités, c’est votre devoir. » Cela ne trompe personne, ces appels à la délation ne sont que des aveux de faiblesses.

« Le seul et unique ennemi de la République islamique sacrée »

Le 24 avril 2020, les agences de presse iranienne Nama News et Nasim News ont repris un article paru sur le site officiel Nasim-e Kermanshah. L’article, d’une rare franchise, a jeté une lumière crue sur le véritable ressenti des responsables du régime pour l’OMPI. Assurant que les partisans de la monarchie sont sans conséquence pour le régime, l’auteur déplore que les responsables et les médias officiels aient opté pour une nouvelle politique consistant à citer les « partisans de la monarchie » aux côtés de l’OMPI dans le souci « brouiller les cartes » et « empêcher que l’OMPI soit (trop) mis en évidence ».
« La tactique de brouillage est une négligence coûteuse » est le titre de l’article paru dans l’édition du 24 avril 2020 du quotidien officiel.

Extraits :
« En effet, l’Organisation des Monafeghine [hypocrites, terme péjoratif utilisé par le régime pour dénigrer l’OMPI) est le sujet de ma spécialité et de mes recherches, explique l’auteur, Meysam Parsa. Tous les jours je recherche les mots clés “MEK”, “OMPI”, “Monafeghine”.
« Alors que je profitais de la vue sur la route, je me suis rappelé que je ne devais pas perdre de temps, alors j’ai regardé les résultats de la recherche. Un média d’État avait écrit : « Le complot de l’OMPI et des monarchistes… » En voyant cela, la même question a surgi dans mon esprit : jusqu’où allons-nous continuer dans cette négligence ?
« C’était la même question que j’avais déjà entendue de la part de Hadji, un leader de la prière du vendredi et représentant du guide suprême. Nous discutions avec lui de l’OMPI, et le processus destructeur de ces ennemis jurés de la République islamique. C’était au milieu de la sédition de 2018 et c’était clair pour nous tous que l’OMPI jouait un rôle de leadership et d’accélérateur [dans le soulèvement].
« (…) Hadji a expliqué qu’il y a une énorme erreur dans la culture de nos médias. Cette erreur ne concerne pas “comment connaître l’ennemi” mais “comment confronter l’ennemi”. Car quiconque a été impliqué dans les affaires de l’Etat et a œuvré farouchement pour préserver l’héritage de l’imam Khomeiny, sait parfaitement que le seul et unique ennemi de la République islamique sacrée est l’OMPI et c’est tout (…)
« Avez-vous oublié que le Guide suprême lui-même, au sujet des émeutes de 2018, a déclaré le 9 janvier 2018 : « Un triangle était actif lors de ces incidents. Ça ne date pas d’aujourd’hui. C’était organisé et le pion de la sédition était l’OMPI. Ils se préparaient et s’organisaient depuis des mois (…) Oui, l’ennemi est sérieux. Lui n’utilise pas la tactique de “brouillage” pour traiter avec nous. Il faut donc que nous réveiller et lever les rideaux. Cessons la tactique néfaste de “brouillage”. C’est en montrant courageusement le flèche en direction du principal ennemi et c’est en donnant espoir aux partisans du système islamique que nous pourrons le préserver de la menace des monafeghine. »

une myriade de publications du régime contre l'OMPI en Iran
L’industrie cinématographique et du livre au service de la désinformation

L’industrie cinématographique et du livre au service de la désinformation

En plus de ses tribunes traditionnelles, de la radio-télévision d’Etat et de ses médias, le pouvoir iranien a également mobilisé ces dernières années l’industrie cinématographique pour combattre l’OMPI, avec quelques 184 films et séries télévisés qui ont pu être comptabilisés. Le nombre de livres, romans et essais ayant pour sujet principal l’OMPI et ses « crimes contre la république islamique sacrée » se monte à 526 en mai 2020. Il y a aussi les expositions de rue, les panneaux publicitaires et les innombrables articles de presse publié chaque semaine, voire chaque jour, pour tenter de détourner la jeunesse iranienne des unités de résistance.

Quelques-uns des livres récemment sortis en Iran et mis de l’avant par le régime contre l’OMPI ont pour titre : « Mersad » (le nom donné par le régime à l’une des opérations de l’OMPI et de l’ALNI en 1988) ; « la feuille dorée de l’Occident » ; « l’anthropologie de l’organisation des moudjahidine » ; « les moudjahidine du peuple sans retouche » ; « mémoires de prison sous le Chah » ; « Documents et secrets de l’opération Mersad » ; « Le temps retrouvé » ; « Rien que la stratégie ».

L’Association Nejat, une soi-disant ONG dédiée à harceler les familles des membres de l’OMPI, a des antennes dans toutes les provinces iraniennes. En un an, nous avons pu comptabiliser quelques 2189 articles et billets de presse publié par cet organe du VEVAK (ministère iranien du renseignement) contre l’OMPI dans la presse locale et nationale. Chaque antenne a pour tâche de produire un à deux articles et papiers en contrepartie d’une somme d’argent. Les agents et les sites affiliés au VEVAK en Europe et aux Etats-Unis et dans les pays arabes fonctionnent sur le même mode. Ils perçoivent un salaire en retour de ce qu’ils auront publié chaque semaine sur leurs supports en papier ou sur internet pour noircir l’OMPI.

Les plus récents titre de productions télévisées sur l’OMPI : « Au nom du peuple » (un documentaire en 28 parties); « tu resteras » ; « les branches brisées du maronier » ; « La taupe » ; « Vengeance » ; « Fin de route » ; « L’ennemi » ; « L’organisation de la terreur » ; « L’organisation » ; « Anti brouillard » ; « Le plan caduque » ; « La quarantième étape » ; « Ce qui s’est passé » ; « découpage » ; « Le père Taleghani » ; « Terroriste » ; « Les tombes tapageurs » ; « Le complot et les hypocrites » ; « Le transfuge » ; « Les martyrs du terrorisme » ; « Le récit du guide »…

Le festival islamique du film de 2018 avait pour thème principal les films de propagande contre l’OMPI.

Le guide suprême des mollahs porte une attention particulière à la propagande du régime contre l’OMPI. Au lendemain des révoltes de 2018 en Iran, lors d’une rencontre avec des réalisateurs de la radio-télévision du régime, Ali Khamenei a déclaré : « Nous sommes engagés dans une guerre culturelle. Nous sommes attaqués avec des méthodes sophistiqués et de gros moyens. Ce qui peut éclairer les esprits c’est ce genres de documentaires ». (11 janvier 2018)

Mohammad-Hossein Rouzitalab est le producteur de plusieurs émissions télévisés et documentaires commandités par le VEVAK contre l’OMPI. Le 28 juillet 2019 il a expliqué sur la Chaine 4 de la TV d’Etat le sens de son activité : « Le plus important groupe contre-révolutionnaire qui affronte la république islamique et a frappé lourdement le système et le peuple et a été à l’origine de bouleversements dans notre pays, ce sont les monafeghine (Hypocrites, terme péjoratif du régime pour désigner l’OMPI)…Si l’on se penche sur le bilan de l’organisation des monafeghine ces dernières années, nous constatons que beaucoup des coups infligés au système proviennent de cette organisation…Il est donc très important d’expliquer l’histoire de cette organisation et son attitude dans cet affrontement. »
Rouzitalab a déclaré en février 2019 à l’agence de presse Mehr : « Le Centre des Documents de la Révolution Islamique (CDRI) a publié plus d’une trentaine de livre qui traite de cette question sous des angles différents. Par exemple il a publié le témoignage des transfuges de l’organisation… Au cours des cinq dernières années nous avons produit de nombreuses productions sur l’Organisation des Monafeghine : des documentaires, des films, des livres dont 100% ou parfois 50% des aspects de recherche ont été effectués par le CDRI. Il faudrait admettre que le dossier de l’OMPI est toujours ouvert et préoccupe une grosse partie de notre appareil de sécurité. C’est pourquoi nous devons nous pencher sur ce sujet avec l’accompagnement et l’aide de l’organe concerné (Le Ministère des renseignements, VEVAK) … Notre prochain devoir est de présenter nos productions sur l’OMPI dans les lycées ainsi que les universités ».

« Rien que la stratégie » : un livre qui en dit long

Il arrive parfois que certaines vérités au sujet de l’OMPI soient publiées par les médias iraniens après avoir échappé aux contrôles pourtant stricts. Ainsi, à travers les lignes d’un livre, « Rien que la stratégie », il est intéressant de constater que l’auteur a révélé malgré lui des vérités qui en disent long sur l’impact de l’OMPI sur la scène politique iranienne.

Paru au printemps de 2019, l’ouvrage se présente sous forme d’interview avec un chef du Renseignement. « Nasser Razavi est un ancien responsable dans les organes de renseignement et de sécurité des institution clés du pays, notamment le Corps des gardiens de la révolution et le Ministère du Renseignement de la République islamique, est-il ainsi présenté dans l’introduction de l’ouvrage. Il a travaillé dans le département affecté à l’elteghat (autre nom péjoratif pour désigner OMPI), qu’il combat depuis plus de trente ans. »

L’auteur précise que l’interview a été réalisée il a trois ans et que pour des considérations d’ordre politique, « certaines parties ont été supprimées par l’éditeurs ». Nous reproduisons ici des extraits de l’interview de cet ennemi acharné de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple :

« Le journal « Mojahed » (l’organe de l’OMPI) se vendait à 500 000 exemplaires. Aucune autre publication n’avait un tel tirage. L’OMPI avait 500 000 militants qui achetaient autant le journal. De notre côté, nous avions 2 millions de forces qui n’achetaient même pas 50 000 journaux. Même pas 10 000 (de nos militants) achetaient nos journaux.
« Ils avaient un poids et un impact étonnant que vous ne pouvez imaginer. Savez-vous combien d’agents infiltrés avait l’OMPI au sein de la Radiotélévision d’Etat ? Ils avaient 600 sympathisants dans cet organe et près de 30 à 40 personnes qui n’étaient pas considérés comme des sympathisants, mais des agents infiltrés. Autant au sein du ministère des industries, dans l’armée et les autres organes et appareils de l’Etat.
« Je peux assurer que je n’ai jamais vu un agent infiltré (de l’OMPI) qui aurait travaillé pour de l’argent. L’argent n’a aucune valeur dans leur système.
« Le corps de l’organisation était énorme, parce qu’elle avait 30 000 forces armées.
« Quand l’organisation fait quelque chose, elle agit en fonction d’une intention stratégique ou tactique. Si cela ne correspond à aucun des deux, alors elle ne le fera pas. Jamais l’OMPI n’a entrepris une opération pour se venger. Ses opérations avaient soit une signification tactique soit elle visait à bouleverser une situation pour la rendre favorable à sa stratégie.
« Celui qui affirme que l’OMPI avance avec le culte de personnalité d’un tel ou d’un autre n’a rien compris à cette organisation. Ce n’est pas pour le culte d’une personne que l’OMPI est allé en Irak, ou est allé en France. Si l’OMPI va en Irak c’est pour mener une ‘’guerre nouvelle’’ et bien théorisée.
« La meilleure chose que nous avons fait c’est d’utiliser les ‘’repentis’’ c’est-à-dire utiliser le propre potentiel de l’OMPI contre elle-même.
« L’OMPI a une particularité. Elle est différente des aristocrates qui envoient leurs soldats se battre et restent à l’arrière du front. Elle est composée de forces convaincues et idéologiques, c’est une force qui va de l’avant et risque l’eau et le feu pour que son arrière le suive.
« Durant les années passées nous avons très peu travaillé sur la question de l’infiltration. Ceci est une lacune de notre appareil de sécurité qui ne peut infiltrer les couches internes de l’OMPI.
« Nous les vieux, nous savons précisément pourquoi M. Montazeri [Ayatollah Hossein-Ali Montazeri, dauphin écarté de Khomeiny] s’est séparé [du régime]. Ses opinions étaient pour quelques choses, je n’ai pas de doute là-dessus, mais en partie c’était due aux activités de l’OMPI…
« Nous avons finalement accepté le cessez le feu dans la guerre. Peut-être que de toute façon on aurait accepté le cessez le feu, mais l’OMPI a été l’un des catalyseurs qui a influé sur notre décision et l’a accéléré. L’OMPI a brisé notre aura sur le font. »

Enfin il met l’accent sur la véritable stratégie du régime face à l’OMPI durant les années écoulés :

« En 1991 nous avons révisé fondamentalement nos méthodes et nos solutions pour lutter contre les hypocrites (OMPI) … Nous sommes arrivés à cette conclusion que démanteler l’OMPI ne pourra se faire en menant des opérations et leur porter des coups militaires…Plus ils reçoivent des coups, plus ils augmentent en cohésion, recrutent davantage de forces et leurs activités prend de l’ampleur… Il faudrait donc aller vers des opérations psychologiques qui doit essentiellement s’appuyer sur les transfuges… Nous avons énormément travaillé sur la guerre des nerfs… mais nous n’avons pas la possibilité d’en dire davantage. »

Serguei, Le Monde
Serguei, Le Monde

Pour le lobby, le mépris de l’OMPI est l’autre facette de l’admiration pour les pasdaran

Faisant l’économie de toute forme d’impartialité au sujet d’un mouvement qui a perdu des dizaines de milliers de membres et de sympathisants, souvent torturé à mort dans les geôles islamistes, les lobbyistes patentés du régime des mollahs cherchent à tromper l’opinion publique et les décideurs politiques en faisant croire que le mouvement de résistance est dépourvu de base populaire en Iran, où il serait ‘haï’ par la population.

Parmi les lobbys, il y a ceux que les mollahs aiment à appeler « le réseau des amis de la république islamique », souvent au service des groupe d’intérêt et de finance en Occident pour qui les droits de l’homme et les principes éthiques n’ont pas droit au chapitre. Ils ne cachent ni leur amitié pour le régime, ni leur mépris envers l’OMPI et le CNRI. Ils se défendent de leurs mauvaises fréquentations en arguant vouloir renforcer la faction dite modéré face aux radicaux en Iran. Sachant très bien pourtant que dans une dictature religieuse basé sur le pouvoir absolue du Guide suprême tout puissant, aucune réforme de fond n’est possible. La politique de complaisance n’a fait que l’affaire d’un pouvoir illégitime pour prolonger son existence néfaste et sanglant.

Depuis le transfert réussi des résistants iraniens vers l’Albanie en 2014, la désinformation et le terrorisme sont les seuls leviers dont disposent le régime et son lobby à l’étranger pour nuire au mouvement de résistance. Ces leviers sont intensifiés depuis l’installation du mouvement à la cité d’Achraf 3, en Albanie, où la structure du mouvement a pu se reconstituer et les membre se regrouper, au grand damne des dictateurs iraniens. En consacrant des sommes considérables pour rependre le mensonge, les mollahs cherchent à convaincre leurs interlocuteurs en Occident que l’OMPI et le CNRI ne sont pas une alternative viable, qu’ils sont pires que le régime dont il convient de ménager.

La diabolisation de l’OMPI est l’autre facette de la politique de complaisance à l’égard des pasdaran, le bras armé du Guide suprême pour la répression à l’intérieur et l’exportation du terrorisme et de l’intégrisme à l’extérieur.

Lors d’une table ronde organisée le 22 janvier 2020 à la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale sur le Moyen-Orient, Pierre Razoux (chercheur à l’IRSEM) a défendu le « dialogue constructif » à l’égard du régime iranien. Après avoir tenue des propos diffamatoires à l’égard de l’opposition démocratique et traité les Moudjahidine du peuple de « mouvement terroriste qui est responsable de la mort de plusieurs centaines de responsable et plusieurs milliers d’Iraniens » et assuré les députés français que « si vous allez en Iran y compris dans les milieux BOBO, intello et réformiste, ils sont honnis, ce mouvement là (…) je ne crois pas que ça soit une bonne idée de les soutenir du tout ».

Pierre Razoux est tombé bien bas dans son penchant pour les pasdaran iraniens : « Le paradoxe c’est que ces personnes-là, y compris les jeunes, y compris les réformistes qui critiquent le rôle du clergé, sont derrière les pasdaran, les gardiens de la révolution, en leur disant qu’heureusement nous les avons pour garantir la sécurité pas du régime, du pays. Et regardez ce qui se passe ailleurs, des Etats Unis et tous les gens qui nous veulent du mal. Si nous n’avions pas eux les gardiens de la révolution, nous serions déjà à terre et sous la domination des Chinois, des Russes et des Américains. Il y a ça qu’il faut comprendre dans ce dilemme. »

Il est affligeant de constater que les propos du lobby n’ont rien d’une opinion de scientifique ou d’expert. Chacun sait qu’en Iran, verrouillé par les mollahs et leurs Pasdarans, un sondage d’opinion sur les mouvements politiques est impossible. Seul un suffrage universel dans un pays où la liberté d’expression serait établie pourrait apprécier de la popularité des uns et des autres. Pour certains « chercheurs » qui ont l’entrée facile à Téhéran où des universitaires français sont toujours détenus en otages, il est utile de prononcer des avis qui font plaisir au pouvoir en place.

Pour connaître le véritable degré de la popularité de l’OMPI, attendons le jour où les Iraniens pourront s’exprimer librement à travers les urnes. D’ici là, un sondage d’opinion digne de ce nom reste évidemment impossible sous une dictature religieuse.

Le meilleur indicateur tangible pour mesurer l’influence de l’OMPI dans la société iranienne et l’étendue de leur soutien, ce sont les réactions souvent embarrassées, voire hystériques, du régime clérical face aux activités de l’OMPI dans les mouvements sociaux en Iran. Dans la violence qu’il déploie contre les sympathisants du mouvement et les arrestations récurrentes parmi les jeunes militants et dans les milieux universitaires qui ont épousé sa cause pour le renversement du régime. Mais également parmi les couches défavorisées qui sont descendu massivement dans la rue lors du dernier soulèvement de novembre 2019 et qui a suscité l’ire des plus hautes autorités, du guide suprême Khamenei à Rohani.

Armin Arefi

Le cas parlant du journaliste de Le Point

Parmi les victimes de la machine de propagande et de chantage du régime iranien, il y a ceux, notamment des journalistes, qui cèdent aux injonctions des autorités iraniennes pour obtenir l’autorisation de mettre les pied en Iran. Au prix de vendre leurs âmes et enfreindre la déontologie, ils sont plusieurs en effet les journalistes qui sont tombé dans ce piège du régime pour avoir un visa, une interview ou l’autorisation de couvrir une élection sensible.

Plusieurs récits ont été livré à ce sujet. Le dernier en date, livré par un journaliste du magazine Le Point est particulièrement éloquent. Le journaliste français d’origine iranienne Armin Arefi explique dans son ouvrage intitulé « Un printemps en Iran », comment il a été amené par son interlocuteur iranien qui l’a aidé à retourner en Iran après neuf ans d’interdiction, à rencontrer les membres de l’Association Nejat, une antenne du Vevak. Le but sans détour de cet agent du VEVAK était de convaincre le « spécialiste de l’Iran » d’écrire un papier pour salir l’image de l’OMPI en France, siège européen du mouvement de résistance.

Dans une interview vidéo avec le site l’Opinion, le 5 février 2019, il raconte son expérience en Iran : « Tout journaliste qui souhaite se rendre en république islamique est dans l’obligation de travailler avec une agence semi officielle qui vous délivre une carte de presse, qui vous prend une certaine somme obligatoire au quotidien, et qui vous met dans les pattes un traducteur officiel, dont la mission est de traduire toutes les conversations que vous avez avec vos interlocuteurs en Iran, mais également de rapporter les moindres de vos faits et gestes sur le terrain. À la tête de ces organisations, il y a souvent des personnes qui ont un pouvoir considérable, dont une de ces personnes, Monsieur Nejati, je le cite dans mon livre, qui m’a permis de retourner en république islamique.

« Sauf que, une fois arrivée dans son bureau, après neuf ans tenu écarté de la république islamique, il me met sous pression et me fait comprendre que, d’une certaine manière, il m’a à l’œil. Donc, je pars en Iran pour mon média, qui est Le Point, mais je sais que j’ai derrière moi une personne qui regardera le moindre de mes articles et les moindres faits et gestes sur place (…) Cette personne me fait rencontrer des responsables, notamment des ONG iraniennes qui me font rencontrer d’anciens membres des Moudjahidine du peuple, (…) qui est aujourd’hui la seule – une des seules – organisation d’opposition fédérée en Iran au régime islamique, (…) À ce moment-là, Monsieur Nejati se sert de cette carte pour me faire pression : mais où est ton article sur les moudjahidines du peuple ? Je t’avais dit justement que ce serait bien, ça servirait ton cas d’écrire quelque chose sur eux… Et ça devient une sorte de chantage au moudjahidine du peuple… »

Armin Arefi a finalement retourné le change à ses interlocuteurs iraniens. Dans un billet paru le 23 avril 2020 dans le Point, le journaliste a prétexté un tweet de Donald Trump pour éclabousser le mouvement « parmi les plus controversés ». Avec le concourt de « chercheurs » connus pour leurs animosités envers l’OMPI, Pierre Razoux, Vincent Eiffling, Ali Vaez …, il a ressassé la vielle rengaine contre l’OMPI et assuré les lecteurs qu’ils sont « extrêmement impopulaires en Iran » et que « son fonctionnement est parfois décrit par d’anciens membres ayant fait défection comme celui d’une secte. » Surtout que « Personne en Iran ne m’a jamais dit qu’il souhaitait le retour des moudjahidines au pays, où ils sont vus comme des traîtres et des fanatiques ».

Dans sa mise au point pour le site du Point, le porte-parole du CNRI a interrogé au sujet les motivations du journaliste :

« Son acharnement hystérique contre l’OMPI est-il lié à sa sollicitation par le régime des mollahs, qu’il a lui-même avoué en février 2019 ? Pourquoi donc ces calomnies putréfiées par le rayonnement de la vérité ? Si ce mouvement n’est qu’une secte terroriste isolée sans soutien en Iran, comment expliquer que ces dernières années, alors que le régime des mollahs est en butte à de graves crises existentielles frôlant un renversement ou un effondrement, les médias officiels et les dirigeants toutes catégories du pouvoir se montrent aussi sensibles à la présence de l’OMPI dans la société et à son impact notamment sur la jeunesse iranienne ? Comment expliquer ces dizaines de films et séries télévisées coûteuses sur l’OMPI, financés par le ministère du Renseignement et des sociétés de production des pasdaran et diffusés régulièrement ?

« Y a-t-il d’autres explications que ceci : sur la scène politique iranienne actuelle, en ce qui concerne les perspectives pour l’avenir, un pouvoir aux abois et conscient du potentiel explosif d’une population outragée, mécontente et en colère ne voit comme autre adversaire sérieux que le mouvement de résistance des Moudjahidines du peuple qui, depuis 40 ans et malgré toutes les opérations de dénigrement à son encontre, n’a jamais renoncé à son objectif principal : un Iran libre et démocratique. »

Cette réponse au Point a paru d’abord sur le site du magazine, mais fut récemment supprimé curieusement par l’organe de presse. Une méthode qui met en doute une intégrité journalistique.

Maryam Radjavi à Achraf 3
La dirigeante de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi, Achraf 3, juillet 2019.

Conclusion

Jean Ziegler, célèbre expert au siège de l’ONU à Genève et sociologue suisse, déclarait le 11 aout 2011 au sujet des résistants iraniens qui étaient basés alors à la cité d’Achraf-1 en Irak, et venaient de subir deux massacres des milices irakiennes et des pasdaran iraniens : « Comment ce camp d’Achraf et ses 3 400 personnes peut-il provoquer une telle hystérie meurtrière de la part des mollahs ? La réponse est (…) que s’il y a quelque part un foyer, même réduit numériquement, démographiquement, territorialement, un foyer qui rayonne les valeurs démocratiques, qui rayonne les valeurs de la liberté, qui rayonne les valeurs de la solidarité internationale, c’est intolérable pour chaque tyrannie, puisque c’est ce foyer-là qui détruit en permanence la légitimité du régime tyrannique. Les mollahs ont bien compris le danger que représente Achraf. »

A la suite du retrait de l’OMPI des listes noires en Europe et aux Etats-Unis, Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a pour sa part apporté un éclairage poignant sur « la longue et douloureuse histoire de la diabolisation des défenseurs de la liberté et des mouvements de résistance ». Lors du grand rassemblement de la Résistance iranienne à Villepinte en juin 2012 elle a déclaré :

« Au fil de ces années, les mollahs au pouvoir et leurs affidés n’ont cessé de dire et d’écrire que les membres de cette résistance se torturent eux-mêmes et s’exécutent. Ils ont dit qu’il s’agit d’une secte reposant sur le culte de la personnalité dépourvue de base dans la société iranienne. Ils ont dit qu’elle a massacré des Kurdes et des chiites en Irak, qu’elle avait caché des armes chimiques à Achraf et que 70% des Achrafiens étaient gardés de force dans le camp. Ces calomnies se sont nourries de cette étiquette (terroriste) et ont servi à maintenir en place le régime des mollahs.

« Seules la souffrance et la persévérance du mouvement de la résistance du peuple iranien ont brisé l’agression et l’encerclement oppressif dont il était victime. Et ainsi après les verdicts sans précédent de la justice de Grande-Bretagne et de l’Union européenne, l’an dernier, c’est la justice française qui a reconnu dans un verdict brillant la légitimité de la juste résistance du peuple iranien contre le fascisme religieux. Et cette année, c’est la justice américaine qui élève la voix contre une injustice historique touchant la Résistance iranienne.

« Savez-vous que dans la longue et douloureuse histoire de la diabolisation des défenseurs de la liberté et des mouvements de résistance, de Spartacus à Jésus-Christ jusqu’aux héros de la résistance au nazisme ici même en France, jusqu’aux Moudjahidine de la liberté en Iran, il s’agit là d’une expérience exceptionnelle ? Car c’est la première fois qu’un mouvement réussit de son vivant, à force de sacrifices et de travail d’explication, et surtout grâce à son respect des lois internationales, à briser au cœur des tribunaux européens et américains les lourdes chaînes du mensonge. Oui, nous avons pu mettre fin à l’encerclement qui assaillait le mouvement de la résistance. Et nous avons su, en plus, faire promouvoir les normes de la justice dans le monde d’aujourd’hui.

« Nous avons réussi à détruire la machine à calomnies et à tromperies. Nous avons réussi à élaborer un nouveau mode d’action et à ouvrir une nouvelle ère, un modèle qui s’appuie sur la transparence, la lumière, la vérité et la justice. Un modèle qui respecte les acquis et les vertus de l’humanité et le retour des institutions internationales à la défense des droits humains. Un plan de restauration des droits des peuples, la renaissance des valeurs de la résistance et du sacrifice. Oui, la force de l’humanité et de la justice est entrée en jeu, une page d’histoire est tournée. Les dictateurs tombent les uns après les autres et les politiques qui les protégeaient doivent changer et nous pouvons changer ces politiques. Nous sommes capables de réaliser ce changement et nous le ferons. C’est cela un changement d’époque et l’époque du changement. »